Prévention et accompagnement de la dépression

UN SI BEL AUTOMNE

La difficulté avec le 3ème âge est que les motivations dépressives évoluent et se modifient en fonction de l’âge. La première phase difficile à accepter, et donc porteuse de risque psychologique, est le passage de la vie active à la retraite, puis la conscience progressive de la perte des facultés physiques ou mentales, et l’angoisse, presque irrépressible de perdre son autonomie.
A cela s’ajoute fréquemment un sentiment de solitude, surtout en milieu rural. Il importait donc de montrer les différentes facettes du problème, de les traiter et de faire prendre conscience à la population concernée, que si le vieillissement est un problème inéluctable, son vécu dépend fortement de la façon dont on l’aborde, et de l’entourage social qu’on se donne. Une activité tournée vers les autres, la conscience que la vie demeure riche et potentiellement heureuse jusqu’au bout, pour peu qu’on échappe au repliement sur soi.

C’est tous ces aspects que traite « Un si bel automne », et l’accueil que nous avons reçu, les prises de parole que nous avons suscitées, montrent combien cet échange était bénéfique à cette tranche d’âge. Nous nous sommes efforcés aussi d’orienter cette population vers une vie associative plus intense, que ce soit auprès d’associations spécifiques au 3ème âge, ou plus largement, vers le milieu caritatif existant dans son environnement.

Faire que l’appétit de vie et le plaisir qui en découle ne cesse pas, contribue à une bonne hygiène mentale et même physique pour ceux que l’on appelle affectueusement les anciens.

Résumé de la pièce

Lucien ouvre la pièce « Un si bel automne ». D’invisibles, mais bruyants copains d’atelier fêtent son départ à la retraite, sans voir que le Lucien, lui, se sent « flasque comme un sac vide ». Suivent le couple d’anciens agriculteurs Nicole et Rolland, qui dépriment et qui s’aiment mal, dans leur maison du bourg. Ils ont dû quitter la ferme pour ne pas s’engueuler avec leur fils, « un gars bien qui a repris la terre, mais qui fait à sa façon »…  Et il y a surtout Jacques Salin qui vient d’enterrer son chien, « le seul qui m’avait empêché de venir te rejoindre, Maria, quand tu es morte il y a deux ans ». Au facteur, qu’il n’a pas voulu faire entrer chez lui et qui lui lance « à demain ! », Jacques répond entre ses dents « compte là-dessus, va… »

Au fur et à mesure de la pièce, on découvre l’isolement, le repli sur soi, la peur de la perte d’autonomie, la besoin naissant d’user d’une canne, ou encore ces enfants, pourtant de vieux « quadra », qui dénient à leur veuf de père ou leur veuve de mère le droit à une nouvelle vie affective et sexuelle.

La voix d’un sexagénaire se noie dans un sanglot : « C’est mon histoire qu’ils ont écrite et qu’ils ont jouée. Enfin… la mienne et celle de plein d’autres qui sont ici. »
A côté, une dame tout sourire ajoute : « Oui, oui, leur pièce, c’est tout à fait la vie. »

Extraits d’un article de Patrick Angevin – Ouest France – 19/02/03